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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

pour qu’elle songeât enfin à venir visiter ses amis d’autrefois.

diana. Voilà ce qui est fort injuste. Je suis revenue d’Angleterre, eomme vous le savez, avec le prince Frédéric-Auguste, dont mon frère est l’aide de camp. Le prime a voulu garder l’incognito les trois premiers jours de son arrivée, et vous comprenez que, si je fusse venue, moi, pendant ce temps, rendre visite à la femme d’un écrivain, d’un journaliste… c’eût été fort peu diplomatique ; qu’en dites-vous, monsieur Burckart ?

léo. Que vous m’honorez trop avec le titre d’écrivain : je suis un pauvre bourgeois ignoré, m’occupant beaucoup de jardinage, un peu de chasse, et si j’ai noirci quelquefois du papier en débarrassant mon cerveau de certaines idées qui le fatiguaient, je suis loin de me croire un homme politique, un philosophe, un écrivain !

diana. Orgueilleuse modestie ! On parle beaucoup de vous, monsieur ! Pour un article de vous, tout un pays est en rumeur ; pour un livre de vous, toute l’Allemagne s’agite !

le professeur. Et quand l’homme voudra se montrer… quand à l’écrit succéderont la parole et l’action…

marguerite. Mon père, que dites-vous là ?…

léo. Marguerite a raison ; ces espérances ne vous conviennent pas, mon père, ni à moi cette vanité