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IX

ÉPILOGUE DE LA JEUNESSE DE NICOLAS

C’est à la suite de ces événements que Nicolas, après avoir passé quelques jours près de ses parents, à Sacy, vint à Paris exercer l’état de compositeur d’imprimerie, dont il avait fait l’apprentissage à Auxerre. Nous avons déjà vu combien tout objet nouveau exerçait d’influence sur cette âme ardente, toujours en proie aux passions violentes, et, comme il le disait lui-même, plus imprégnée d’électricité que toute autre. Ce fut quelque temps avant sa liaison éphémère avec Mlle Guéant qu’il reçut tout à coup l’avis de la mort de Mme Parangon. La pauvre femme n’avait survécu que peu de mois aux scènes douloureuses que nous avons racontées. La vie insoucieuse et frivole que Nicolas menait à Paris ne lui avait pas été cachée, et jeta sans doute bien de l’amertume sur ses derniers instants. Nicolas, né avec tous les instincts du bien, mais toujours entraîné au mal par le défaut de principes solides, écrivait plus tard, en songeant à cette époque de sa vie : « Les mœurs sont un collier de perles ; ôtez le nœud, tout défile. »

Cependant ses habitudes de dissipation avaient épuisé à la fois sa santé et ses ressources. Un simple ouvrier, si habile qu’il fût, gagnant au plus cinquante sous par jour, ne pouvait continuer longtemps l’existence que lui avaient créée ses nouvelles relations. Une lettre lui arriva tout à coup d’Auxerre… Elle était de M. Parangon. La fatalité voulut qu’il se trouvât justement sans ouvrage et dans un moment de pénurie absolue à l’époque où cette lettre lui fut remise ; de plus, il se sentait pris d’une sorte de nostalgie, et songeait à s’en aller quelque temps respirer l’air natal. M. Parangon, après quelques politesses et quelques regrets exprimés sur la mort de sa femme, se plaignait de l’isolement où il était réduit, et proposait à son