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rencontre dans ces deux gouvernements, républicain ou monarchique, mais non pas de plein gré comme dans le premier. »

Il avoue que le pouvoir monarchique entre les mains d’un sage serait le plus parfait de tous ; mais où trouver ce sage ?… Partant, l’état républicain lui paraît être le moins défectueux de tous.

« L’autorité arbitraire (dans les idées de l’abbé, c’est le gouvernement de Louis XIV) ne se sert que trop de Dieu, mais à quoi ? à couvrir son injustice… Elle peut surprendre la multitude, ou la jehenner de telle manière que son air muet semble applaudir ; mais on doit encore prendre garde… Il ne faut que quelques hommes d’une certaine trempe, une veine, un moment, un presque rien qui s’offre à propos, pour réveiller dans le peuple ce qui y semble assoupi.

» Quel fonds faites-vous, ajoute l’abbé, sur les athées couverts, qui, non plus que vous, ne pensent qu’à eux. N’attendez pas qu’ils s’échauffent pour vous dans l’occasion. Ils suivront le Temps, en vous laissant dans la surprise qu’ils vous ont les premiers manqué. »

Notre travail, maintenant, ne peut être que le complément d’une biographie, où nous devons seulement indiquer l’abbé de Bucquoy comme un des précurseurs de la première révolution française. L’ouvrage, dont on vient de voir l’esprit général, est suivi d’un Extrait du Traité de l’existence de Dieu, dans lequel l’auteur cherche à démontrer, contre les philosophes matérialistes, que la matière n’est pas en possession de son existence et de son mouvement par sa propre vertu.

« Chacune des parties de la matière, dit-il, a-t-elle l’existence par elle-même ? Il y aurait donc autant d’êtres nécessaires que de parties… Cela produirait des dieux sans nombre, comme dans les imaginations des païens. » Les corps n’ont, selon l’abbé, ni existence ni mouvement par eux-mêmes… Prétendra-t-on « qu’au centre de la matière, un atome pousse l’autre, et que l’ordre résulte de leur action réciproque ? »