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II

HISTOIRE DE L’ABBÉ DE BUCQUOY


I

UN CABARET EN BOURGOGNE

Le grand siècle n’était plus : il s’était en allé où vont les vieilles lunes et les vieux, soleils. Louis XIV avait usé l’ère brillante des victoires. On lui reprenait ce qu’il avait gagné en Flandre, en Franche-Comté, aux bords du Rhin, en Italie. Le prince Eugène triomphait en Allemagne, Marlborough dans le Nord… Le peuple français, ne pouvant mieux faire, se vengeait par une chanson.

La France s’était épuisée à servir les ambitions familiales et le système obstiné du vieux roi. Notre nation a toujours adopté facilement les souverains belliqueux, et, dans la race des Bourbons, Henri IV et Louis XIV ont répondu à cet esprit, quoique le dernier ait eu à se plaindre de « sa grandeur qui l’attachait au rivage. » Au besoin, ces souverains se sauvaient par leurs vices. Leurs amours faisaient l’entretien des châteaux et des chaumières, et réalisaient de loin cet idéal galant et chevaleresque qui a toujours été le rêve généreux des Français.

Toutefois, il existait des provinces moins sujettes à l’admiration, et qui protestèrent toujours sous diverses formes, soit