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encore assez de feu. Toutes les maisons sont bâties en pierres meulières trouées comme des éponges par les vrilles et les limaçons marins. L’église est vieille mais rustique. Une verrerie est établie sur la hauteur.

Il n’était plus possible de ne pas retrouver Soissons. J’y suis retourné pour continuer mes recherches, en visitant la bibliothèque et les archives. À la bibliothèque, je n’ai rien trouve que l’on ne pût avoir à Paris. Les archives sont à la sous-préfecture et doivent être curieuses, à cause de l’antiquité de la ville. Le secrétaire m’a dit :

— Monsieur, nos archives sont là-haut, dans les greniers ; mais elles ne sont pas classées.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il n’y a pas de fonds attribués à ce travail par la ville. La plupart des pièces sont en gothique et en latin… Il faudrait qu’on nous envoyât quelqu’un de Paris.

Il est évident que je ne pouvais espérer de trouver facilement là des renseignements sur les Bucquoy. Quant à la situation actuelle des archives de Soissons, je me borne à la dénoncer aux paléographes ; si la France est assez riche pour payer l’examen des souvenirs de son histoire, je serai heureux d’avoir donné cette indication.

Je vous parlerais bien encore de la grande foire qui avait lieu en ce moment-là dans la ville ; du théâtre, où l’on jouait Lucrèce Borgia ; des mœurs locales, assez bien conservées dans ce pays situé hors du mouvement des chemins de fer, — et même de la contrariété qu’éprouvent les habitants par suite de cette situation. Ils ont espéré quelque temps être rattachés à la ligne du Nord, ce qui eût produit de fortes économies… Un personnage puissant aurait obtenu de faire passer la ligne de Strasbourg par ces bois, auxquels elle offre des débouchés ; mais ce sont là de ces exigences locales et de ces suppositions intéressées qui peuvent ne pas être de toute justice.

Le but de ma tournée est atteint maintenant. La diligence