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d’art, n’est plus généralement compris en France. Elle pourra, néanmoins, vous expliquer les difficultés que j’ai éprouvées à me procurer l’Histoire de l’abbé de Bucquoy.

Samedi dernier, à sept heures, je revenais de Soissons, — où j’avais cru pouvoir trouver des renseignements sur les Bucquoy, — afin d’assister à la vente, faite par M. Techener, de la bibliolhèque de M. Motteley, qui dure encore, et sur laquelle on a publié, avant-hier, un article dans l’Indépendance belge.

Une vente de livres ou de curiosités a, pour les amateurs, l’attrait d’un tapis vert. Le râteau du commissaire, qui pousse les livres et ramène l’argent, rend cette comparaison fort exacte.

Les enchères étaient vives. Un volume isolé parvint jusqu’à six cents francs. À dix heures moins un quart, l’Histoire de l’abbé de Bucquoy fut mise sur table à vingt-cinq francs… À cinquante-cinq francs, les habitués et M. Techener lui-même abandonnèrent le livre : une seule personne poussait contre moi.

À soixante-cinq francs, l’amateur a manqué d’haleine.

Le marteau du commissaire-priseur m’a adjugé le livre pour soixante-six francs.

On m’a demandé ensuite trois francs vingt centimes pour les frais de la vente.

J’ai appris, depuis, que c’était un délégué de la Bibliothèque nationale qui m’avait fait concurrence jusqu’au dernier moment.

Je possède donc le livre et je me trouve en mesure de continuer mon travail.

Votre, etc.


De Ver à Dammartin, il n’y a guère qu’une heure et demie de marche. J’ai eu le plaisir d’admirer, par une belle matinée, l’horizon de dix lieues qui s’étend autour du vieux château, si redoutable autrefois, et dominant toute la con-