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tation d’un archéologue, croyez que cela est entièrement véritable et que je suis en mesure d’en donner les preuves et de citer encore un autre fait analogue arrivé dans une autre partie de l’Oise. Si ma géographie n’est pas toujours irréprochable, c’est que je crains avant tout de compromettre les personnes.

Il y a encore, dans ce que je vous ai écrit, un mot qui m’a causé une heure d’insomnie. On pouvait considérer que les voitures de la cour avaient été payées avec l’argent de la nation ; mais il était inutile de détruire des voitures qui avaient coûté cher. J’ai fait, peut-être, une faute, de français, — c’est-à-dire contre le français, — en parlant « d’abus de l’autorité, qui amènent des réactions en sens contraire. »

La faute paraît simple au premier abord ; mais il y a plusieurs sortes de réactions ; les unes prennent des biais, les autres sont des réactions qui consistent à s’arrêter. J’ai voulu dire qu’un excès amenait d’autres excès. Ainsi il est impossible de ne point blâmer les incendies, et les dévastations privées, rares pourtant de nos jours. Il se mêle toujours à la foule en rumeur un élément hostile ou étranger qui conduit les choses au delà des limites que le bon sens général aurait imposées, et qu’il finit toujours par tracer.

Je n’en veux pour preuve qu’une anecdote qui m’a été racontée par un bibliophile fort connu, et dont un autre bibliophile a été le héros.


Le jour de la révolution de février, on brûla quelques voitures, dites de la liste civile ; ce fut, certes, un grand tort, qu’on reproche durement aujourd’hui à cette foule mélangée, qui, derrière les combattants, entraînait aussi des traîtres.

Le bibliophile dont je parle se rendit ce soir-là au Palais-National. Sa préoccupation ne s’adressait pas aux voitures ; il était inquiet d’un ouvrage en quatre volumes in-folio intitulé Perceforest.

C’était un de ces romans du cycle d’Artus, ou du cycle de