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L’archéologue demanda une voiture, ayant déjà fait deux lieues à pied, ce qui est déjà désagréable à cause de l’accompagnement obligé des gendarmes ; on est exposé à rencontrer des dames. Heureusement, il était arrivé dans la localité une voiture qui devait contenir d’autres malfaiteurs, et qui se dirigeait sur Paris.

On y plaça l’archéologue. Cette voiture n’était pas encore construite d’après le système cellulaire, mais on avait les poucettes. Un seul voleur se trouvait déjà dans la voiture. Il était parfaitement assis sur les débris d’une botte de paille…, et dit au nouveau pendant qu’on attelait :

— Bonjour, vieux zigue !… Eh bien, on ne vous donne donc pas de paille ?… Vous avez droit à la paille, pour vous asseoir, comme moi : il faut demander ça au conducteur !

L’archéologue ne répondit que par un rugissement, et voulut, au contraire, souffrir davantage, pour faire plus de honte au maire de L***.

À Paris, il reproduisit ses lettres et fut relâché.

Cette anecdote, complètement historique, n’indique que la sottise d’un maire de village, mais peut faire comprendre combien il est dans le caractère du fonctionnaire français d’abuser de l’autorité ; c’est ce qui amène peut-être des réactions en sens contraire.


Correspondance.


Vous m’envoyez deux lettres concernant mes premiers articles sur l’abbé de Bucquoy. La première, d’après une biographie abrégée, établit que Bucquoy et Bucquoi ne représentent pas le même nom. À quoi je répondrai que les noms anciens n’ont pas d’orthographe. L’identité des familles ne s’établit que d’après les armoiries, et nous avons déjà donné celles de cette famille (l’écusson bandé de vair et de gueules de six pièces). Cela se retrouve dans toutes les branches, soit de Picardie, soit de l’Île-de-France, soit de Champagne, d’où était