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et ses frères, « qui vivaient de leur boutique, étant charcutiers. »

Madame d’Haraucourt, enfin, étant morte en décembre 1636, à la Neuville-en-Hez, où elle repose (M. d’Haraucourt était mort en 1632), leur fille fit tant près de son mari, qu’il consentit à revenir en France.

Arrivés à Ferrare, ils tombent malades tous deux ; — ils restent là douze jours ; — s’embarquent à Livourne, arrivent à Avignon, où ils sont toujours malades. — La Corbinière y meurt, le 5 août 1642 ; il repose à Sainte-Madeleine ; il meurt avec des repentances très-grandes de l’avoir si mal traitée, et lui dit :

— Pour votre consolation et ôter votre tristesse, souvenez-vous comme je vous ai traitée.

« Là, continue le moine célestin, elle a été en si grande nécessité, qu’elle m’a dit, par écrit et de bouche, qu’elle fût morte de faim n’eût été les célestins qui l’ont aidée.

» Elle arriva à Paris le dimanche 19 octobre, par le coche, et manda à madame Boulogne, sa grande amie, de la venir quérir. N’y estant pas, son hostellier y fut. Le lendemain après dîner, elle vint me trouver avec ladite Boulogne et sa belle-mère, la mère de La Corbinière, servante de cuisine chez M. Ferrant, estat qu’elle a été contrainte de faire depuis qu’elle a été bannie de Clermont, à cause de son fils.

» La première chose qu’elle fit, elle vint se jeter à mes pieds, les mains jointes, me demandant pardon, ce qui fit pleurer les femmes. Je lui dis que je ne lui pardonnerais pas (ce qui la fit soupirer et respirer, ayant entendu le reste), car elle ne m’avait pas offensé. Et, la prenant par la main, lui dis-je : Levez-vous ; et la fis asseoir près de moi, où elle me répéta ce qu’elle m’avait souvent écrit : qu’après Dieu et sa mère, elle tenait la vie de moi. »

Quatre ans après, elle était retirée à Nivillers, et très-malheureuse, n’ayant chemise au dos, connue il paraît par la lettre ci-contre.