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Je m’en étais douté d’après le rapport de d’Argenson à Pontchartrain, qui contient cette phrase : « Le prétendu abbé de Bucquoy, etc. »

Nous tenterons plus tard de démasquer l’intrigant qui se serait substitué au descendant du seigneur comte de Bucquoy, généralissime des armées d’Autriche dans la guerre de Bohême.


LETTRE DIXIÈME


Le départ. — Le coffre à l’argenterie. — Arrivée à Charenton. — Descente du Rhône — Gênes. — Venise.


Quand la Corbinière fut entré dans la salle, Angélique lui dit :

« — Notre affaire va bien mal, car madame a pris la clef de la vaisselle d’argent, ce qu’elle n’avait jamais fait ; mais pourtant j’ai la clef de la dépense où est le coffre.

» Sur ces paroles, il me dit :

» — Il faut commercer à t’habiller, et puis nous regarderons comment nous ferons.

» Je commençai donc à mettre les chausses, et les bottes et éperons, lesquels il m’aidait à mettre. Sur cela, le palefrenier vint à la porte de la salle avec le cheval ; moi, tout éperdue, je mis vivement ma cotte de ratine pour couvrir mes habits d’homme que j’avais jusques à la ceinture, et m’en vins prendre le cheval des mains de Breton, et le menai hors de la première porte du château, à un ormeau sous lequel dansaient aux fêtes les filles du village, et m’en retournai à la salle, où je trouvai mon cousin qui m’attendait avec impatience (tel était le nom que je le devais appeler pour le voyage), lequel me dit :

» — Allons donc voir si nous pourrons avoir quelque