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la voir, et qu’il lui était impossible de vivre sans qu’elle lui donnât commodité de la voir.

Ayant été menée par son frère au château de la Neuville, Angélique dit à un laquais qui était à sa mère et qui s’appelait Court-Toujours :

— Oblige-moi d’aller trouver La Corbinière, lequel est revenu d’Allemagne, et lui porte cette lettre de ma part bien secrètement.


LETTRE NEUVIÈME


Légende française. — Suite de l’histoire d’Angélique de Longueval.


Avant de parler des grandes résolutions d’Angélique de Longueval, je demande la permission déplacer encore un mot. Ensuite, je n’interromprai plus que rarement le récit. Puisqu’il nous est défendu de faire du roman historique, nous sommes forcé de servir la sauce sur un autre plat que le poisson ; — c’est-à-dire les descriptions locales, le sentiment de l’époque, l’analyse des caractères, — en dehors du récit matériellement vrai.

Vous me pardonnerez ensuite de copier simplement certains passages du manuscrit que j’ai trouvé aux Archives, et que j’ai complétés par d’autres recherches. Brisé depuis quinze ans au style rapide des journaux, je mets plus de temps à copier intelligemment et à choisir qu’à imaginer.

Je me rends compte difficilement du voyage qu’a fait La Corbinière en Allemagne. La demoiselle de Longueval n’en dit qu’un mot. À cette époque, on appelait Allemagne les pays situés dans la haute Bourgogne, — où nous avons vu que M. de Longueville avait été malade de la dyssenterie. Probablement, La Corbinière était allé quelque temps près de lui.