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plaintes d’un mauvais goût ravissant. On trouve là des restes de morceaux d’opéras, du xvie siècle, peut-être, ou d’oratorios du xviie.

J’ai assisté autrefois à une représentation donnée à Senlis dans une pension de demoiselles.

On jouait un mystère, comme aux temps passés. La vie du Christ avait été représentée dans tous ses détails, et la scène dont je me souviens était celle où l’on attendait la descente du Christ dans les enfers.

Une très-belle fille blonde parut avec une robe blanche, une coiffure de perles, une auréole et une épée dorée, sur un demi-globe, qui figurait un astre éteint.

Elle chantait :


Anges ! descendez promptement,
Au fond du purgatoire !…


Et elle parlait de la gloire du Messie, qui allait visiter ces sombres lieux. Elle ajoutait :


Vous le verrez distinctement
Avec une couronne…
Assis dessus un trône !

Ceci se passait dans une époque monarchique. La demoiselle blonde était d’une des plus grandes familles du pays et s’appelait Delphine. — Je n’oublierai jamais ce nom !


Suite de l’histoire de la grand’tante de l’abbé de Bucquoy.


… Le sire de Longueval dit à ses gens :

— Fouillez ce traître, car il a des lettres de ma fille !

Et il ajoutait en lui parlant :

— Dis, perfide, d’où venais-tu quand lu sortais de si bonne heure de la grand’salle ?