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Weber. Je les avais entendus ; je les avais répétés en traversant à pied les routes de la forêt Noire, avec des étudiants et des compagnons allemands. Celui de la Chasse de Lutzow avait été originairement dirigé contre la France ; mais ma traduction lui faisait perdre ce caractère, et je n’y voyais plus que le chant de l’indépendance d’un peuple qui lutte contre l’étranger. Celui de l’Épée était reproduit dans ce couplet :

Amour des nobles âmes,
Sur nous répands tes flammes :
Au nom du Dieu vivant qu’ici nous implorons,
Jurons ! jurons ! jurons !
Et pour la liberté, qu’un jour nous espérons,
Mourons ! mourons ! mourons !…


J’avais consulté Auguste Morel sur des possibilités d’exécution de ces morceaux. Il voulut bien arranger une partition convenant aux exigences du théâtre, et pour laquelle il fallait nécessairement seize choristes.

Nous pensâmes aux ouvriers de Mainzer et à ceux de l’Orphéon. J’étais allé trouver les chefs de chœur dans leurs ateliers et dans leurs pauvres mansardes, et ils m’avaient donné libéralement leur concours, moyennant seulement le prix de leurs journées que les répétitions leur faisaient ordinairement perdre. Ils perdirent un mois.

Harel, un peu gêné pour le payement des figurants ordinaires, les réduisit au nombre qui était indispensable, et les ouvriers se trouvaient forcés relativement de figurer, et de faire les évolutions ordinaires des comparses. Ils ne représentaient, du reste, que des étudiants et avaient peu à faire. Toutefois, l’inexpérience nuisait souvent aux effets dé la mise en scène.

Ils étaient ravis des deux chants populaires, qui sont restés dans les concerts orphéonistes.

Le soir de la première représentation, j’étais inquiet des accessoires, qui, comme la marée de Vatel, n’arrivaient pas…

Si les accessoires n’arrivaient pas, c’est qu’en général, il en