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vent même, par une force plus grande imprimée par le soufflet. L’homme qu’il peint dirigeant cet aérostat est assis sur ce double poumon. La forme poétique a peut-être ôté quelque chose à la précision descriptive d’un tel appareil ; cependant, on en comprend l’idée.

Quelques auteurs aventureux ont supposé que les olympiens, qui habitaient les cimes de l’Ida, de l’Olympe et du Parnasse, — à peu près comme les seigneurs féodaux du moyen âge bâtissant des tours sur les montagnes, — avaient trouvé le moyen de descendre de ces hauteurs et d’étonner les populations ignorantes au moyen d’appareils aériens. Les poëtes grecs et latins en ont donné même des descriptions matérielles, et parlent soit d’ailes, soit de chars légers attelés d’oiseaux.

Il y a des textes précis qu’il serait trop long de rapporter, mais qui indiquent que les femmes de Thessalie, inculpées de magie généralement, descendaient du haut des monts sur un appareil formé de deux ballons gonflés par la fumée, qui les soutenaient par les épaules à peu près comme ceux qu’on gonfle d’air pour maintenir sur l’eau les faibles nageurs.

Simon le Magicien trouva aussi un moyen de voler dans l’air ; mais saint Pierre, dit-on, détruisit l’effet de ce prodige, et Simon se cassa le cou en tombant.

Le cheval Pégase volait peut-être à la manière du cheval de M, Poitevin.

Tout le monde a lu, dans les Mille et un Jours, la description d’une sorte de caisse inventée par un musulman, qui, à l’aide de cet appareil, s’en va visiter la fille d’un roi de Perse. Elle le prend pour Mahomet, et finit par le présenter à son père, qui est flatté d’un tel mariage pour sa fille.

Le jour des noces, le musulman veut faire aux yeux de tout le peuple une apparition flamboyante ; malheureusement, un des pétards met le feu à la caisse, qui se consume et prive le malheureux inventeur du bénéfice de sa conception.

On a cité, 563 ans avant notre ère, le Scythe Abaris, qui parcourait les airs sur une flèche d’or, présent d’Apollon ;