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Manger de la viande de cheval lui paraît une abomination que ne peuvent excuser les plus grandes extrémités. « Des libertins, par vaillantise, dit-il, ont mis leur gloire dans le vice jusqu’à manger de la chair de chat, et le peuple s’est relâché parfois à mettre un corbeau dans son potage… De ces excès résultent un déplorable abrutissement et les crimes les plus atroces. Ainsi, le peuple doit éviter de se nourrir de solipèdes, d’unguicules et de polysulques… » Mais les hiérophantes et les véritables initiés doivent faire plus encore, afin de se rendre propres à la contemplation. Ils n’useront donc ni du pourceau qui, quoique bisulque, est entièrement privé de défense, ni, entre les poissons, de ceux qui n’ont ni nageoires ni écailles. « Certes, il n’y a pas au monde de spectacle plus hideux que celui d’une âme bestiale vieillie dans le corps d’un pourceau ; — quant aux poissons cités plus haut, ils se trouvent privés du bouclier de Mars, et ont ce rapport avec l’homme de n’avoir ni arme ni vêtement naturels. » — Entre les plantes, il est bon de s’abstenir des fèves, qui sont consacrées aux morts.

« C’est ainsi, ajoute Quintus Aucler, que nous en avons toujours usé dans notre famille, dont l’origine remonte aux races hiérophantiques. » Il ne doute pas de la pureté de sa généalogie romaine, dont les rejetons ont traversé les siècles sans se mêler aux familles profanes, parce que les dieux, dans leurs desseins, le gardaient lui-même pour renouveler un culte opprimé si longtemps. Il profite de cette digression pour louer sa femme de sa fidélité aux observances du culte, et même son fils, qui doit un jour transmettre au monde le dépôt confié à ses ancêtres depuis l’époque où la civilisation gallo-romaine céda aux armes de Clovis.

À dater de ce moment, nous commençons à comprendre l’existence de cette famille hiérophantique, conservée à travers les siècles. « Les secrets de l’astrologie, dit Quintus Aucler, sont les mêmes que ceux de la religion ; ainsi, les dieux qui président aux mois de l’année correspondent également aux signes du zodiaque. Les dieux celtiques, traduits de la langue