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moyens de production ; que tous entre eux se répartissaient ces moyens selon la conscience qu’ils avaient, numina conscia veri, de l’unité de l’œuvre qu’ils avaient à remplir. Si Mars versait sur la terre tout ce qu’il y a de torride et d’igné, il brûlerait tout ; si Saturne y versait tout ce qu’il y a de froid, il glacerait tout. Ce n’est pas l’éloignement du soleil qui donne aux astres leurs différentes qualités. Mars est plus torride et plus igné que Mercure et Vénus, qui sont moins éloignés de ce centre de feu. Saturne est bien plus près de ce foyer, de ce cœur du monde, que l’astre embrasé de la canicule. Mais, de la température de ces différentes influences, émises avec intelligence, se forme une influence générale, que le ciel verse sur la terre. Ainsi, dans le monde sensible, le ciel est le premier agent des dieux ; mais si la terre émettait des influences contraires à celles qu’elle reçoit, rien ne se ferait dans la nature ; ainsi le monde supérieur crée continuellement le monde inférieur ; ainsi le monde inférieur est l’emblème du monde supérieur, et cela ne peut être autrement. Toute production doit présenter l’idée de son producteur ; tout être donne ce qu’il a ; et plus reçoivent des influences de chaque astre les êtres qui sont plus propres à les recevoir. Ainsi l’or, par sa couleur, par sa splendeur, par sa solidité, appartient au soleil ; l’argent, par sa couleur douce, par sa splendeur moins éclatante, par sa mollesse et sa ductilité appartient à la lune ; ainsi les deux premiers métaux en beauté appartiennent aux deux luminaires de ce monde. Car, comme dit fort bien Ptolémée, quand il y aurait d’autres astres plus lumineux, ces deux astres n’en seraient pas moins, par leur influence et par leur beauté, les deux luminaires de la terre. C’est ainsi que la plante nommée héliotrope par sa figure, par son disque composé de corps à quatre pans, dont émanent des globules, d’où s’échappent des fleurs à cinq pointes, qui tous expriment les différentes générations du feu et émanations de la lumière ; qui, par diverses teintes de sa couleur d’or, par les pointes de sa corolle, qui s’échappent de son disque en flammes, ou en pyramides torses, formes que l’on sait être celles du feu,