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naissance, que se formèrent les diverses écoles mystiques qu’on vit se développer à la fin du xviie siècle. Les rose-croix d’abord, dont l’abbé de Villars fut le disciple indiscret, et plus tard, à ce qu’on prétend, la victime.

Ensuite les convulsionnaires et certaines sectes du jansénisme ; vers 1770, les martinistes, les swedenborgiens, et enfin les illuminés, dont la doctrine, fondée d’abord en Allemagne par Weisshaupt, se répandit bientôt en France, où elle se fondit dans l’institution maçonnique.

III

SAINT-GERMAIN. — CAGLIOSTRO

Ces deux personnages ont été les plus célèbres cabalistes de la fin du xviiie siècle. Le premier, qui parut à la cour de Louis XV et y jouit d’un certain crédit, grâce à la protection de madame de Pompadour, n’avait, disent les mémoires du temps, ni l’impudence qui convient à un charlatan, ni l’éloquence nécessaire à un fanatique, ni la séduction qui entraîne les demi-savants. Il s’occupait surtout d’alchimie, mais ne négligeait pas les diverses parties de la science. Il montra à Louis XV le sort de ses enfants dans un miroir magique, et ce roi recula de terreur en voyant l’image du dauphin lui apparaître décapitée.

Saint-Germain et Cagliostro s’étaient rencontrés en Allemagne dans le Holstein, et ce fut, dit-on, le premier qui initia l’autre et lui donna les grades mystiques. À l’époque où il fut initié, il remarqua lui-même le célèbre miroir qui servait pour l’évocation des âmes.

Le comte de Saint-Germain prétendait avoir gardé le souvenir d’une foule d’existences antérieures, et racontait ses diverses aventures depuis le commencement du monde. On questionnait un jour son domestique sur un fait que le comte