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il espérait pourtant, lui et quelques croyants, pouvoir opposer une digue à cet effort des puissances fatales.

Cette correspondance nous montre tour à tour ses regrets de la marche qu’avaient suivie ses anciens frères, et le tableau de ses tentatives isolées contre une ère politique dans laquelle il croyait voir le règne fatal de l’Antéchrist, tandis que les illuminés saluaient l’arrivée du Réparateur invisible. Les démons de l’un étaient pour les autres des esprits divins et des vengeurs. En se rendant compte de cette situation, on comprendra mieux certains passages des lettres de Cazotte, et la singulière circonstance qui fit prononcer plus tard sa sentence par la bouche même d’un illuminé marliniste.

La correspondance dont nous allons citer de courts fragments était adressée, en 1791, à son ami Ponteau, secrétaire de la Liste civile :


« Si Dieu ne suscite pas un homme qui fasse finir tout cela merveilleusement, nous sommes exposés aux plus grands malheurs. Vous connaissez mon système : Le bien et le mal sur la terre ont toujours été l’ouvrage des hommes, à qui ce globe a été abandonné par les lois éternelles. Ainsi nous n’aurons jamais à nous prendre qu’à nous-mêmes de tout le mal qui aura été fait. Le soleil darde continuellement ses rayons plus ou moins obliques sur la terre, voilà l’image de la Providence à notre égard ; de temps en temps, nous accusons cet astre de manquer de chaleur, quand notre position, les amas de vapeurs ou l’effet des vents nous mettent dans le cas de ne pas éprouver la continuelle influence de ses rayons. Or donc, si quelque thaumaturge ne vient à notre secours, voici tout ce qu’il nous est permis d’espérer.

» Je souhaite que vous puissiez entendre mon commentaire sur le grimoire de Cagliostro. Vous pouvez, du reste, me demander des éclaircissements ; je les enverrai les moins obscurs qu’il me sera possible. »


La doctrine des théosophes apparaît dans le passage sou-