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— C’est moi qui suis votre page ! et maintenant, me ferez-vous mettre en quartiers ?

— Ôte-toi de devant mes yeux ! lui répond toujours l’obstiné vieillard, que rien ne peut fléchir.

Et Ollivier se décide enfin à s’exiler de la France pour faire la guerre en terre sainte.

Un jour, ayant perdu tout espoir, il veut mettre fin à ses peines ; un ermite du Liban le recueille chez lui, le console, et lui fait voir dans un verre d’eau, sorte de miroir magique, tout ce qui se passe dans le château de Tours ; comment sa maîtresse languit dans un cachot, « parmi la fange et les crapauds ; » comment son enfant a été perdu dans les bois, où il est allaité par une biche, et comment encore Richard, le duc des Bretons, a déclaré la guerre au comte de Tours et l’assiège dans son château. Ollivier repasse généreusement en Europe pour aller secourir le père de sa maîtresse, et arrive à l’instant où la place va capituler.


Voyez quels coups ils vont donnant
Par la fureur trop animés,
Les assiégés aux assiégeants,
Les assiégeants aux assiégés ;
Las ! la famine est au château.
Il le faudra rendre bientôt.
— Commère, il faut chauffer le lit ;
N’entends-tu pas sonner minuit ?

Tout à coup, comme un tourbillon,
Voici venir mon Ollivier ;
De sa lance il fait deux tronçons
Pour pouvoir à deux mains frapper.
À ces coups-ci, mes chers Bretons,
Vous faut marcher à reculons !…
— Commère, il faut chauffer le lit ;
N’entends-tu pas sonner minuit ?


On voit que cette poésie simple ne manque pas d’un certain éclat ; mais ce qui frappa le plus alors les connaisseurs, ce fut