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ce livre, les tendances réformatrices se multiplièrent chez l’auteur, grâce au succès qu’il avait obtenu ; après le Mimographe, voici encore l’Anthropographe et le Gynographe, l’homme et la femme réformés, puis le Thesmographe et le Glossographe, concernant les lois et la langue. Les deux premiers s’éloignent peu des idées de Rousseau. À l’exemple du philosophe de Genève, Restif ne voit d’autre remède de corruption que le séjour des champs et les travaux de l’agriculture, toutefois il s’abstient de blâmer les spectacles et les arts. Mais où est le mérite de la philosophie, si elle ne trouve d’autre moyen de moralisation sociale que l’anéantissement des villes ? Faut-il donc supprimer les merveilles de l’industrie, des arts et des sciences, et borner le rôle de l’homme à produire et à consommer les fruits de la terre ? Il vaudrait mieux sans doute chercher à établir des principes de morale pour tous les états et pour toutes les situations.

XVII

LES ŒUVRES CONFIDENTIELLES DE RESTIF

À côté des romans à prétention philosophique viennent sans cesse se placer dans la collection de Restif d’autres romans que nous avons déjà caractérisés, et qui ne sont que des chapitres d’une même confession : on pourrait appeler ces récits les œuvres confidentielles de Restif. C’est à ce groupe qu’appartient le lire appelé les Mémoires de M. Nicolas, où il raconte sa vie étrange sans détours et sans voiles ; c’est à ce groupe aussi qu’il faut rattacher quelques parties d’un recueil volumineux de récits et d’esquisses de mœurs, les Contemporaines.

Les Mémoires de M. Nicolas, c’est-à-dire la vie même de l’auteur, offrent à peu près tous les éléments du sujet déjà traité dans le Paysan perverti. L’analyse du roman, fera