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deviennent plus longs que les nuits, et le ciel donne à la terre le signal de cette fête.

Avril est consacré à Vénus, mais c’est encore la Mère des dieux qui préside aux fêtes célébrées la veille des Nones. On promène la pompe de son cortège au milieu des danses formées par les curètes et les corybantes, accompagnés des flûtes, des cymbales et des tambours. — C’est le jour des calendes que l’on sacrifie à Vénus, que l’on invoque sous le nom de Verticordia, afin qu’elle détourne nos esprits des amours illégitimes : « Belle Uranie, écartez de nos cœurs les désirs terrestres qui brûlent et consument sans vivifier ! » Le mois se termine par les fêtes à Cérès et par les Floralies qui couronneront ce doux mois de floréal.

Les calendes en mai sont dédiées aux Lares. C’est alors que les femmes célèbreront dans les maisons les fêtes de la bonne déesse, dont tous les mâles sont exclus, même les animaux ; on en couvre même les portraits. Tout homme doit sortir alors de sa maison, même le grand pontife. Le lendemain, les Lares sont honorés dans les carrefours ; on leur offre des têtes de pavots, ainsi qu’à leur mère Amanie. À leurs fêtes succèdent les Lemurales, qui durent trois nuits. On invoque les ombres heureuses, et l’on jette aux autres des fèves, — dont la fleur exprime les portes de l’enfer, — en répétant neuf fois : « Par ces fèves, je rachète mon âme. » Les âmes aiment le nombre neuf, qui est celui de la génération, parce qu’elles espèrent toujours rentrer dans le monde[1].

  1. Le nombre 9 est particulièrement générateur et mystique ; multipliez-le par lui-même, vous trouvez toujours 9 : 18, par exemple : (1 et 8 : 9), — 3 fois 9 : 27 (2 et 7 : 9) ; 4 fois 9 : 36 ; (3 et 6 : 9), 5 fois 9 : 45 ; ainsi de suite. Le nombre 9 est le nombre de la matière.