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être : de cette dernière espèce sont les plantes, les arbres, les minéraux, qui suivent le sort du sol auquel ils sont attachés ; ceux qui sont abandonnés à eux-mêmes, sont les animaux, les hommes, les dieux ; ils ont un moi particulier qu’ils doivent conserver : pour en mettre en œuvre les moyens, les choisir, les conserver, il leur faut une ratiocination ; ainsi, les astres ont donc cette ratiocination. Les bêtes sont à elles-mêmes leur propre règle, parce qu’elles ne sont dirigées que par l’instinct ; l’homme peut négliger sa règle, parce qu’il a sa conduite et qu’il peut choisir ses actions ; les astres suivent toujours leur règle par l’excellence de leur intelligence, parce que les êtres purs ne peuvent en dévier : il n’y a rien en eux d’hétérogène qui puisse faire varier leurs actions ; ils sont toujours tout ce qu’ils sont, hors qu’ayant leurs pensées à eux, ils peuvent en concevoir de mauvaises ; ce qui n’arrive pas, parce qu’ils sont dans l’unité, parce qu’ils lisent dans l’universalité des êtres ; parce qu’ils voient dans le Verbe tout ce qui est beau et tout ce qui est bon ; que, si quelques-uns d’entr’eux ont pu se détériorer dans un temps que nous ne pouvons guère concevoir, ils ne le peuvent plus maintenant par l’habitude où ils sont du beau et du bon, par l’identité qu’ils ont en quelque sorte avec lui : ainsi, la régularité des marches des astres parmi leurs oppositions, les différents aspects attestent l’excellence de leur intelligence ; qu’ils sont dans l’unité ; qu’ils voient le beau et le bon ; qu’ils sont initiés aux causes du destin qu’ils font ; enfin, qu’ils sont des dieux.

» C’est ce qu’exprime en deux mots Orphée dans l’indigitation à Ouranos : calice terrestris, ô ciel céleste et terrestre ; et, dans son indigitation aux astres : cœlica terrestris gens ; et c’est ainsi que l’hymne à tous les Dieux