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Allemagne dans le Holstein, et ce fut, dit-on, le premier qui initia l’autre et lui donna les grades mystiques. À l’époque où il fut initié, il remarqua lui-même le célèbre miroir qui servait pour l’évocation des âmes.

Le comte de Saint-Germain prétendait avoir gardé le souvenir d’une foule d’existences antérieures, et racontait ses diverses aventures depuis le commencement du monde. On questionnait un jour son domestique sur un fait que le comte venait de raconter à table, et qui se rapportait à l’époque de César. Ce dernier répondit aux curieux : « Vous m’excuserez, messieurs, je ne suis au service de M. le comte que depuis 300 ans. »

C’est rue Plâtrière, à Paris, et aussi à Ermenonville, que se tenaient les séances où ce personnage développait ses théories.

Cagliostro, après avoir été initié par le comte de Saint-Germain, se rendit à Saint-Pétersbourg, où il obtint de grands succès. Plus tard il vint à Strasbourg, où il acquit, dit-on, une grande influence sur l’archevêque prince de Rohan.

Tout le monde connaît l’affaire du collier, où le célèbre cabaliste se trouva impliqué, mais dont il sortit à son avantage, ramené en triomphe à son hôtel par le peuple de Paris.

Sa femme, qui était fort belle et d’une intelligence élevée, l’avait suivi dans tous ses voyages. Elle présida à ce fameux souper où assistèrent la plupart des philosophes du temps, et dans lequel on fit apparaître plusieurs personnages morts depuis peu de temps : selon le système de Cagliostro, il n’y a pas de morts. Aussi avait-on mis douze couverts, quoiqu’il n’y eût que six invités : d’Alembert, Diderot, Voltaire, le duc de Choiseul, l’abbé de Voisenon et on ne sait quel autre, vinrent s’asseoir,