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nier. Le dernier niait vivement la transformation des dieux antiques en génies élémentaires, et prétendait que n’ayant pu être détruits, en qualité de purs esprits, ils avaient été destinés à fournir des âmes aux animaux, lesquelles se renouvelaient en passant d’un corps à l’autre, selon les affinités. Dans ce système, les dieux animaient les bêtes utiles et bienfaisantes, et les démons les bêtes féroces ou impures. Là-dessus le bon père Bougeant citait l’opinion des Égyptiens quant aux dieux, et celle de l’Évangile quant aux démons. Ces raisonnements purent être exposés en plein xviiie siècle sans être taxés d’hérésie.

Il est bien clair qu’il ne s’agissait là que de divinités inférieures, telles que les Faunes, les Zéphirs, les Néréides, les Oréades, les Satyres, les Cyclopes, etc. Quant aux dieux et demi-dieux, ils étaient supposés avoir quitté la terre, comme trop dangereux, après l’établissement du règne absolu du Christ, et avoir été relégués dans les astres, qui leur furent de tout temps consacrés, de même qu’au moyen âge on reléguait un prince rebelle, mais ayant fait sa soumission, soit dans sa ville, soit dans un lieu d’exil.

Cette opinion avait régné particulièrement, pendant tout le moyen âge, chez les cabalistes les plus célèbres, et particulièrement chez les astrologues, les alchimistes et les médecins. Elle explique la plupart des conjurations fondées sur les invocations astrales, les horoscopes, les talismans et les médications, soit de substances consacrées, soit d’opérations en rapport avec la marche ou la conjonction des planètes. Il suffit d’ouvrir un livre de sciences occultes pour en avoir la preuve évidente.