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Il n’y a rien de plus que ces cinq lignes ; on sent la vérité brutale : les dragons de Lambesc qui chargent au loin, les portes qui se ferment, une de ces scènes d’émeute si communes à Paris.

Plus loin Restif met en scène Collot-d’Herbois, et le félicite de son Paysan magistrat ; mais Collot n’est préoccupé que de politique. « Je me suis fait jacobin, dit-il ; pourquoi ne l’êtes-vous pas ? — A cause de trois infirmités très gênantes… — C’est une raison. Je vais me livrer tout entier à la chose publique, et je ne perdrai ni mon temps ni mes peines. D’abord je veux m’attacher à Robespierre ; c’est un grand homme. — Oui, invariable. » Collot continue : « J’ai l’usage de la parole, j’ai le geste, la grâce dans la représentation… J’ai une motion à faire trembler les rois. Je viens de faire l’Almanach du père Gérard, — excellent titre. Je tâcherai d’avoir le prix pour l’instruction des campagnes ; mon nom se répandra dans les départements ; quelqu’un d’eux me nommera… »

La silhouette de Collot-d’Herbois n’est-elle pas là tout entière ? Mais l’auteur ne s’en est pas tenu toujours à ces portraits rapides, et, à côté de ces esquisses fugitives, on trouve des pages qui s’élèvent presque à l’intérêt de l’histoire, comme celles qu’il consacre à Mirabeau, et que cette grande figure semble avoir illuminées de son immense reflet.

V.
une visite à mirabeau.

Le dialogue de Restif et de Mirabeau est un des plus curieux chapitres des Mémoires de Nicolas. L’auteur, qui