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ments de son éloquence ou les agréments nompareils de sa conversation familière touchant toutes les matières politiques et autres sur lesquelles il lui plairait de dire son avis.

Ses autres édits, arrêts et ordonnances, conservés jusqu’à nous, comme rendus au nom d’Henri II, traitent de la justice, des finances, de la guerre, et surtout de la police intérieure de Paris.

Vignet imprima, en outre, pour son compte, plusieurs épigrammes contre ses rivaux en poésie, dont il s’était fait donner déjà les places, bénéfices et pensions. Il faut dire que ne voyant guère qu’eux seuls au monde, les deux compagnons s’occupaient sans relâche, l’un à demander des faveurs, l’autre à les prodiguer.

IV.

L’ÉVASION.

Après nombre d’édits et d’appels à la fidélité de la bonne ville de Paris, les deux prisonniers s’étonnèrent enfin de ne voir poindre aucune émotion populaire, et de se réveiller toujours dans la même situation. Spifame attribua ce peu de succès à la surveillance des ministres, et Vignet à la haine constante de Mellin et de du Bellay. L’imprimerie fut fermée quelques jours ; on rêva à des résolutions plus sérieuses, on médita des coups d’État. Ces deux hommes qui n’eussent jamais songé à se rendre libres pour être libres, ourdirent enfin un plan d’évasion tendant à dessiller les yeux des Parisiens et à les provoquer au mépris de la Sophonisbe de Saint-Gelais et de la Franciade de Ronsard.