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mêmes de la chapelle, qui se découpaient si gracieusement sur le vert des arbres, et dont le dôme s’était écroulé un jour, au dix-septième siècle, sur onze malheureux chanoines réunis pour dire un ofûje, n’ont pas été respectées. Le jour où Ton coupera les arbres du manège, j’irai relire sur la place la Forêt coupée de Ronsard :

Écoute, bûcheron, arreste un peu le bras :
« Ce ne sont pas des bois que-iu jettes à bas ; .
’ ^ Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force,
Des nymphes, qui vivaient dessous la dure écorce.

Cela finit ainsi, vous le savez :

La matière demeure et la forme se perd !

Vers cette époque, je me suis trouvé, un jour, encore assez riche pour enlever aux démolisseurs et racheter en deux lots les boiseries du salon, peintes par nos amis. J’ai les deux dessus de porte de Nanteuil ; le Watteau de Yattier, signé ; les deux panneaux longs de Corot, représentant deux Paysages de Provence ; le Moine rouge, de Châtillon, lisant la Bible sur la hanche cambrée d’une femme nue *, qui dort; les Bacchantes, de Chassériau, qui tiennent des tigres en laisse comme des chiens; les deux trumeaux de Rogier, où la Cydalise, en costume régence, — en robe de taffetas feuille morte, — triste présage, — sourit, de ses yeux chinois, en respirant une rose, en face •lu portrait en pied de Théophile, vêtu à l’espagnole. \^ affreux propriétaire, qui demeurait au rez-de-chaussée,

’ Vicmc sujet que le tableau qui se trouvait chez Victor Hugo.