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mais elle ne tarda pas à s’apercevoir que cet enfant avait grandi, qu’il avait pris d’autres allures, et elle devint plus réservée à son égard.

Quant au militaire, à part quelques familiarités d’habitude, il ne faisait point paraître envers sa jeune tante de blâmables intentions ; il était même de ces gens assez nombreux à qui les honnêtes femmes inspirent peu de désirs ; et, pour le présent, il disait comme Tabarin, que la bouteille était sa mie. Les trois premiers jours de son arrivée, il n’avait pas quitté Javotte, et même il la conduisait le soir au Cours la Reine, accompagnée seulement de la grosse servante de la maison, au grand déplaisir d’Eustache. Mais cela ne dura point ; il ne tarda pas à s’ennuyer de sa compagnie, et prit l’habitude de sortir seul tout le jour, ayant, il est vrai, l’attention de rentrer aux heures des repas.

La seule chose donc qui inquiétât le futur époux, c’était de voir ce parent si bien établi dans la maison qui allait devenir sienne après la noce, qu’il ne paraissait pas facile de l’en évincer avec douceur, tant il semblait tous les jours s’y emboîter plus solidement. Pourtant, il n’était neveu de Javotte que par alliance,