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faute d’avoir examiné les pièces du procès, faute d’avoir feuilleté des livres oubliés depuis près de trois cents ans, Si tous les auteurs d’histoires littéraires avoient eu cette conscience, on n’au- roit pas vu des erreurs grossières se perpétuer dans mille volumes différens, composés les uns sur les autres ; on n’auroit pas vu des juge- ra ens définitifs se fonder sur d’aigres et par- tiales critiques échappées à l’acharnement mo- mentané d’une lutte littéraire, ni de hautes réputations s’échafauder avec des œuvres ad- mirées sur parole.

Non, sans doute, nous ne sommes pas indui- gens envers l’école de Ronsard : et en effet, on ne peut que s’indigner, au premier abord, de l’espèce de despotisme qu’elle a introduit en littérature, de cet orgueil avec lequel elle pro- nonçoit le odiprofanum vulgus d’Horace > re- poussant toute popularité comme une injure, et n’estimant rien que le noble, et sacrifiant toujours à Part le naturel et le vrai. Ainsi’-au- cun poète n’a célébré davantage et la nature et le printemps que ne l’ont fait ceux du sei-