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Le lecteur doit être bien surpris de ne point rencontrer là cette muse en françois parlant grec et latin contre laquelle Boileàu s’escrime si rudement, de fort bien comprendre ce patois que jargonnoit Ronsard à la cour des Valois, et de ne le point trouver si éloigné qu’il croyoit du beau françois d’aujourd’hui : c’est qu’il n’est pas en littérature de plus étrange destinée que celle de Ronsard : idole d’un ^iècle éclairé ; il- lustré de l’admiration d’hommes tels que les de Thou, les L’Hospital, les Pasquier, les Sca- liger ; proclamé plus tard par Montaigne l’égal des plus grands poètes anciens, traduit dans toutes les langues, entouré d’une considération telle, que le Tasse, dans un voyage à Paris, ambitionna l’avantage de lui être présenté ; ho- noré à sa mort de funérailles presque royales et des regrets de la France entière, il sembloit devoir, selon l’expression .de M. Sainte-Beuve, entrer dans la postérité comme dans un temple. Non 1 la postérité est venue, et elle a convaincu ’ le seizième siècle de mensonge et de mauvais . goût, elle a livré au rire et à l’injure les mor-