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Quand loin d’affection de désir et d’amour,
En pure liberté je passois tout le jour,
Et franc de tout souci qui les âmes dévore,
Je dormpis dès le soir jusqu’au point de l’aurore ;
Car seul, maître de moi, j’allois plein de loisir
Oîi le pied me portoit, conduit de mon desiv,
Ayant toujours aux mains, pour me servir de guide,
Aristotc ou Platon, ou le docte Euripide,
Mes bons hôtes muets, qui ne fâchent jamais ;
Ainsi je les reprends, ainsi je les remets.
O douce compagnie, et utile et honnête l
Un autre en caquetant m’étourdiroit la tête.

Puis, du livre ennuyé, je regardois les fleurs,
Feuilles, tiges, rameaux, espèces et couleurs ;
Et rentreepupement de leurs formes diverses,
Peintes de cent façons, jaunes, rouges et perses\
Ne me pouvant soûler, ainsi qu’en un tableau,
D’admirer la nature et ce qu’elle a de beau,
Et de dire en passant aux fleurettes écloses :
Celui est presque Dieu qui connoît toutes choses,
Écarté du vulgaire et loin des courtisans
De fraude et de malice, impudens artisans.

Tantôt j’erro 18 seulet par les forêts sauvages

1 Bleues,