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Hé bien l veut-on savoir tout d’un coup à quoi s’en tenir sur les progrès que Ronsard a fait faire à la langue poétique, qu’on rapproche ce fragment, composé dans ses premières années, des vers suivans, composés dix ans après, pour l’avènement au trône de Charles IX. Ce sont quelques-uns des conseils qu’il lui adresse :

Ne vous montrez jamais pompeusement vêtu ;
L’habillement des rois est la seule vertu :
Que votre corps reluise en vertus glorieuses,
Non par habits chargés de pierres précieuses.
D’amis plus que d’argent montrez-vous désireux,
Les princes sans amis sont toujours malheureux ;
Aimez les gens de bien, ayant toujours envie
De ressembler à ceux qui sont de bonne vio ;
Punissez les malins et les séditieux :
Ne soyez point chagrin, dépit, ni furieux,
Mais honnête et gaillard, portant sur le visage
De votre gentille Ame un gentil témoignage.

Or, sire, pour autant que nul n’a le pouvoir
De châtier les rois qui font mal leur devoir,
Corrigez-vous vous-même, afin que la justice
De Dieu qui est plus grand vos fautes ne punisse.
Je dis co puissant Dieu, dont la force est partout»