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( Tant que l’homme le peut) ; qui formons nos ouvrages
Aux moules si parfaicts do ces grands personnages
Qui, depuis deux mille ans, ont acquis le crédit
Qu’en vers rien n’est parfaict que ce qu’ils en ont dit ;
Devons-nous aujourd’hui, pour une erreur nouvelle
Que ces clercs dévoyés forment en leur cervelle,
Laisser légèrement la vieille opinion,
Et, suivant leur avis, oroire à leur passion.
Pour moi, les huguenots pourroient faire miracles,
Ressusciter les morts, rendre de vrais oracles,
Que je ne pourrois pas croire à leur vérité.
En toute opinion je fuis la nouveauté.
Aussi doit-on phlatost imiter nos vieux pères,
Que suivre des nouveaux les nouvelles chimères.
De mesme, en l’art divin de la Muse,- doit-on
Moins croire à leur esprit qu’à l’esprit de Platon.
Mais, Rapin, à leur goust si les ieùx sont profane ;’’
Si Virgile, le Tasse et Ronsard ont es asnes,
Sans perdre en ces discours le temps que nous perdons,
Allons comme eux, au champs et mangeons des chardons.
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