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Il semble, en leurs discours hautains et généreux,
Que le cheval volant ne soit fait que pour eux ;
Que Fhoebus à leur ton accorde sa viello ;
Que la mouche du Grec leurs lèvres emmielle ;
Qu’ils ont seuls ici-bas trouvé la pie au nit,
Et que des hauts esprits le leur est le zénit ;
Que seuls des grands secrets ils ont la cognoissance ;
Et disent librement que leur expérience
A rafiné les vers, fantastiques d’humeur,
Ainsi que les Gascons ont fait le point-d’honneur ;
Qu’eux tout seuls du bien dire ont trouvé la méthode,
Et que rien n’est parfaict s’il n’est fait à la mode.
Cependant leur sçavoir ne s’estend seulement
Qu’à regratter un mot douteux au jugement,
Prendre garde qu’un gui ne heurte une diphtongue ;
Espier si des vers la rime est brève ou longue,
Ou bien si là voyelle à l’autre s’unissant
Ne rend point à l’oreille un vers trop languissant :
Et laissent sur le verd le noble de l’ouvrage.
Nul aiguillon divin n’cslève leur courage ;
Ils rampent bassement, ioibles d’inventions,.
Et n’osent, peu hardis i tenter les fictions, .
Froids à l’imaginer : car,’ s’ils font quelque chose,
C’est proser de la rime et rimer de la prose,
Que l’art lime et relime, et polit4de façon
Qu’elle rend à l’oreille un agréable son ;