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Dilâyant, qui tousjours al’œil.sur l’avenir ;
De léger il n’espère, et croit au souvenir ;
Il parle de son temps, difficile et sévère.
Censurant la jeunesse, use des droiets de père,
Il corrige ; il reprend, hargneux en ses façons,
Et veut que tous ses mojts sojent autant de leçons.
Voilà doncq , de par Dieu, comme tourne la vie »
Ainsi diversement aux’huineurs asservie,
Que chasque asge despart à chaque homme en vivant
De son tempérament la qualité suivant.
Et moi qui, jeune ençor[, en mes plaisirs, m’esgaie,
Il faudra que je change ; et, malgré que j’en aie,
Plus soigneux devenu, plus froid et plus rassis >
Que mes jeunes pensers cèdent aux vieux soucis ;
Que j’en paie l’eecot, rempli jusqu’à la gorge,
Et que j’en rende un jour les armes à saint George. .
Pères des siècles vieux, exemples de la Yie,
Dignes d’estre admirez d’une honorable envie,
(Si quelque beau désir vivoit ençor en nous),
Nous voyant de là haut, pères, qu’en dites-vous ?
Jadis, de vostre temps, la vertu simple, et pure,
Sans fard, sans fiction, imitoit sa nature,
Austère en ses façons, sévère en ses propos»
Qui dans un labeur juste esgayoit son repos ;
D’hommes vous faisant dieux, vous paissoit d’ambroisie,