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LA POÉSIE

TOUJOURS PAUVRE.


Motin, la muse est morte, ou la faveur pour elle.
En vain dessus Parnasse Apollon on appelle,
En vain par le veiller on acquiert du sçavoir,
Si fortune s’en mocque ; et s’on ne peut avoir
Ni honneur, ni crédit, non plus que si nos peines
Estoient fables du peuple inutiles et vaines.
Or va, romps-toi la teste ; et de jour et de nuict
Pallis dessus un livre, à l’appétit d’un bruict
Qui nous honore après que nous sommes souz terre,
Et de te voir paré de trois brins de lierre,
Comme s’il importait, estant ombres là-bas,
Que nostre nom vescust, ou qu’ils ne vescust pas.
Honneur hors de saison, inutile mérite,
Qui vivants nous trahit, et qui morts nous profite ;
Sans soin de l’avenir je te laisse le bien,
Qui vient à contre-poil alors qu’on ne sent rien,