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Ta race, ta maison, ton maistre, ta nature ?
Le mulet, étonné de ce nouveau discours,
De peur ingénieux, aux ruses eut recours ;
Et, comme les Normands, sans lui respondre, Voire !
Compère, ce dit-il, je n’ai point de mémoire,
Et comme sans esprit ma grand’mère me fit,
Suns m’en dire autre chose, au pied me l’escrivit,

Lors il lève la jambe au jarret ramassée ;
Et d’un œil innocent il couvroit sa pensée,
Se tenant suspendu sur les pieds en avant :
Le loup qui l’aperçoit se lève de devant,
S’excusant de ne lire avecq’ ceste parolle,
Que les loups de son temps n’alloient point à l’escolle.
Quand la chaude lionne, à qui l’ardente faim
Alloit précipitant la rage et le dessein,.
S’approche, plus sçavante, en volonté de lire.
Le mulet prend le temps, et du grand coup qu’il tire,
Lui enfonce la teste, et d’une autre façon,
Qu’elle ne sçavoit point, lui apprit sa leçon.

Alors le loup s’enfuit, voyant la beste morte,
Et de son ignorance ainsi se reconforte :
N’en desplaise aux docteurs, cordeliers, jacobins,
Pardieu, les plus grands clers ne sont pas les p1us fins