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Légère à l’estomaoh, ainsi que la fumée.

Sçais-tu, pour sçavoir bien, ce qu’il nous faut sçavoir ?
C’est s’affiner le goust, de cognoistre et de voir,
Apprendre dans le monde et lire dans la vie
D’autres seorets plus fins que de philosophie,
Et qu’avecq’la science il faut un bon esprit.

Or entends à ce point ce qu’Un Grec en escrit :
Jadis un loup, dit-il, que la faim espoinçonne,
Sortant hors de son fort rencontre une lionne,
Rugissante à l’aboi, et qui monstrôit aux dents
L’insatiable faim qu’elle avoit au-dedans.
Furieuse elle approche ; et le loup qui l’advise,
D’un langage flatteur lui parle et la courtise :
Car ce fut de tout temps que, ployant sous l’effort,
Le petit cède au grand, et le foible au plus fort.

Lui, dis-je, qui craignait que, faute d’autre proie,
La beste l’attaquast, ses ruses il emploie,
Mais enfin le bazard si bien le secourut,
Qu’un mulet gros et gras à leurs yeux apparut.
Ils cheminent dispos, croyant la table preste,
Et s’approchent tous deux assez près de la beste.
Le loup qui la cognoist, malin et deffiant,
Lui regardant aux pieds, lui partait en riant :
D’où es-tu ? qui es-tu ? quelle est ta nourriture,