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Je le dis sans confondre, en ces aigres remarques,
La démence du roi, le miroir des monarques,
Qui, plus grand de vertu, de cœur et de renom,
S’est acquis de clément et la gloire et le nom.

Or, quant à ton conseil qu’à la cour je m’engage,
Je n’en ai pas l’esprit, non plus que le courage.
Il faut trop de sçavoir et de civilité,
Et, si j’ose en parler, trop de subtilité.
Ce n’est pas mon humeur : je suis mélancolique ;
Je ne suis point entrant ; ma façon est rustique ;
Et le surnom de bon me va-t-on reprochant,
D’autant que je n’ai pas l’esprit d’estre meschant.

Et puis, je ne sçaurois me forcer, ni me feindre ;
Trop libre en volonté, je ne me puis contraindre.
Je ne sçaurois flatter, et ne sçai point comment
Il faut se taire accort, ou parler faussement,
Bénir les favoris de geste et de parolles,
Parler de leurs ayeux au jour de Cerizolles,
Des hauts faits de leur race, et comme ils ont acquis
Ce titre avecq’ honneur de ducs et de marquis.

Je n’ai point tant d’esprit pour tant de menterie,
Et ne puis m’adonner à la cageollerie....

Il faut estre trop prompt, escrire à tous propos,