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J. BERTAUT.




ODE SACRÉE.




Bien heureux est celui qui, parmi les délices
Dont le monde a sucré le poison de ses vices,
Et parmi tant d’appâts à mal faire alléchants,
Régit si prudemment les désirs de son âme,
Que nul secret remords son courage n’entame
Pour avoir augmenté le nombre des méchants.

Qui n’admire en son cœur rien qui soit sous la lune ;
Qui ne fait point hommage au sceptre de fortune ;
Qui ne lui, laisse avoir nul empire sur soi ;
Qui vraiment et d’effet est ce qu’il veut paroistre ;
Qui de nul maistrisé, de soi-mesme est le maistre,
Régnant sur ses désirs, et leur donnant la loi ;

Qui, lisant jour et nuit des yeux de la pensée
La loi du Tout-Puissant en son âme tracée,
Conçoit de beaux désirs, produit de beaux effets,