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Lent à tuer son fils, froid à déplaire à Dieu.
Enfin il dit ainsi : C’est Dieu, c’est Dieu lui-même,
Que j’ai vu si souvent ; c’est ce bon Dieu qui m’aime»
Me garde, me soutient ; c’est sans doute sa voix,
Sa voix même qui m’a consolé tant de foie ;
Dieu requiert de ma main ce triste sacrifice ;
Il faut, quoiqu’il en soit, qu’à sa voix j’obéisse.
Lors il marche au saint mont ; et tremblant et sans voix,
Il monte avec son fils chargé du sacré bois.
Mon père, dit Isac, voici bien et la flamme,
Et le bois desséché, e t la tranchante lame ;
Mais où est la victime ? Hé 1 monte, ô mon cher cœur,
Et remets, dit Abram, ce qui reste ait Seigneur.
Mais las l Abram pâlit, sitôt que la victime
Eut attaché sel yeux à la pierreuse cime
Et toi, pauvre Isaac, tu„ partes sur ton dos
ï^e bois qui en brûlant doit consumer tes os,
Et tu te rends, hélasI sans être atteint de crime,
D’un même sacrifice et ministre et victime.

Grand Dieu, s’écrie Abram 1 ô père malheureux,
Mais méchant to ensemble, hé quel sort rigoureux
Nous pousse en tôt abîme, oh faut que misérable
Pour être vraiment saint, je me rende coupable ?
Il marche néanmoins, et surmontant le mont,
Consolé par la foi, il serène son front J .
Ainsi ni plus ni moins que l’étoile argentine,