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LE SACRIFICE D’ABRAHAM.

DIEU avoit d it ; Abram, c’est ton Dieu qui demande
Le sang d’Isac, ton fils ; que ton bras le répande.
Le malheureux Abram, qui dormoit à demi,
Voit, ou bien pense voir un fantôme ennemi,
S’enfonce entre deux draps,)tremble,et ne peut à peine
D’un grand quart d’heure après reprendreson haleine.
Au son de ces deux mots, ce père infortuné,
D’étonnemout saisi, demeure consterné :
Une froide ’sueur de tout son corps dégoutte ;
La parole lui manque, il n’oit, Une voit goûte :
Que je tue un ami, que je souille, inhumain,
Dans le sang de mon fils, ma parricide main ?
Mais, hôïasl de quel filsP d’Isao, mon fils unique,
Dont la douceur répond à sa face angélique l
v Qu’un détestable autel je trempe de son sang,
D’un sang qui jaillira du flanc né de mon flanc ?
Ahl que ne peut le mien suffire à ta vengeance,
Grand Dieu l je l’épandrois avec reconnoissance.
Je ne porte aueun fruit /semblable au chêne creux,
Ébranlé, contrefait, dépouillé de cheveux,