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Décelant la drue semence ;
Du saffran qu’il tenait enclos.
Lui qui tantost resplendissant,
Montrait toute sa chevelure»
Le voici, pâle, et flestrissant,
Qui perd l'honneur de sa feuillure.

Je m’esmerveillois en pensant
Comme l’âge, ajnsi larronnesse,
Ravît la fuitive jeunesse
Des roses vieilles en naissant :
Quand voici l’incarnate fleur
Ainsi que j’en parle s’effeuille,
Et, couverte de sa rougeur,
La terre en éclate vermeille.

De toutes ces formes l’effet
Et tant de soudaines nuances,
Et telles diverses naissances,
Un jour les fait et les défait.
O nature, nous nous plaignons
Que des fleurs la grâce est si brève,
Et qu’aussitost que les voyons,
Un malheur tes dons nous enlève.

Un seul bien ces fleurettes ont,
Combien qu’en peu de temps périssent,