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Quj contre l’estomac luy teftd la main armée, .
Tant il à l’âme au corps d’ôvârioô ;affaniée !

Et n’est pas seulement content de luy piller
La bourse et le cheval ; il le fait despouiller,
Le bat et le tourmente, et d’une dague essaye
De luy chasser du corps l’ame par une playe ;
Puis, en le voyant mort, se sourit de ses coups,
Et le laisse manger aux mâtins et aux loups.

Si est-ce que de Dieu la juste intelligence
Court après le meurtrier et en prend la vengeance ;
Et dessus une roue, après mille travaux,
Sert aux hommes d'exemple et de proie aux corbeaux.

Mais ces nouveaux chrestiens qui la France ont pillée,
Volée,assassinée, à force dépouillée,
Et de cent mille coups l’estomac ont battu
(Comme si brigandage estoit une vertu),
Vivent sans chastimept, et, à les ouyr dire,
C’est Dieu qui les conduit, et ne s’en font que rire.

Ils ont le cœur si haut, si superbe et si fier,
Qu’ils osent au combat leur maistre desfier,
Ils se disent de Dieu les mignons ; et au reste
Qu’ils sont les héritiers du royaume céleste.
Les pauvres insensés 1 qui ne cognoissent pas
Que Dieu, père commun des hommes d’ici-bas,