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Et les enfans de ceux qui doctement ont sçcu
Enfanter en papier ce qu’ils avoient conçeu ;
Et me disoit ainsy : Pauvre sot ! tu t’amuses
A courtiser en vain Apollon et les muses :
Que te sçauroit donner ce beau chantre Apollon, ’
Qu’une lyre, un archet, une corde, un fredon,
Qui se répand au vent ainsi qu’une fumée,
Ou comme poudre en l’air vainement consumée P
Que te sçauroient donner lés muses, qui n’ont rien,
Sinon autour du chef je ne sçais quel lien
De myrte, de lierre, ou d’une amorce vaine <
Rallecher tout un jour au bord d’une fontaine ;
Ou dedans nn viel antre, afin d’y reposer,
Ton cerveau mal rassis et béant composer
Des vers qui te feront, comme plein de manie,
Appeler un bon fol en toute compagnie ?
Laisse ce froid mestier, qui jamais en avant
N’a poussé l’artizan tant y fust il sçaVant ;
Mais, avec sa fureur, qu’il appelle divine,
Meurt tousjours acoucilly d’une palle famine.
Homère, que tu tiens si souvent en les mains J
Qu’en ton cerveau niai sain comme Dieu tu te peins,
N’eust jamais un liard". si bien que sa vielle
Et sa muse, qu’on dit qui eust la voix si belle,
Ne le sceurent nourrir, et faljoit quFsa fain
D’hmsen huis mendiast lé misérable pain.