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Tout n’est que vanité et pure vanité :
Tel désir est bourreau de nostre humanité.
Car si nous cognoissionè nostre pauvre nature,,
Et que nous sommés faits d’une matière impure,
Et mesmc que le ciel se monstre amy plus dous,
Et père plus-bénin aux animaux qu’à nous,
Qui pleurons en naissant, et qui par le supplice
D’estre au berceau liez (comme si cefust vice
De sortir hors du ventre), à vivre commençons,
Et tousjours en tourmens là vie nous passons.
Las l si nous cognoissions que nous n’avons point d’ailes
Pour Voler au séjour des choses éternelles,
Nous ne serions jamais soingneux ny curieux
D’apprendre les secrets eslôingncrz de nos yeux :
Ains contents de la terre et des traces humaines,
Vivrions sans affecter des choses si hautaines 1
Mais que sçauroit voir l’homme au monde de nouveau ?
C’est tousjburs mÇsme hyVer et mesme renouveau^
Mesme esté^hiesme automne,et lesmesmesannée»
Sont tousjours pas à pas par ordre retournées»
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Ce soleil qui reluit luy-mesmè reluisoit.
Quand le bon Josué son peuple cunduisolt ;
Et nostre lune aussi c’estoit la lune mesme,
Qui luisoit à Noé : et la voûte suprême
Du ciel qui tout contient, c’est ceste mesme-là,
Où sur le char- flambant Hélie s’envola.