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A LA HAYE.

Si j’estois à renaistre au ventre de ma mère,,
( Ayant comme j’ai fait, pratiqué la misère
De cestç pauvre vie, et les maux journaliers
Qui sont des cœurs humains compaignonsfamiliers ),
Et que la Parque dure en filant me vint dire :
Lequel, veux-tu, Ronsard, des animaux esîire,
Pour vivre à ton plaisir ? Certes j’aimerois mieux
Revivre en un oiseau et voler par les cieux,
Tout plein de liberté : avoir un beau plumage
Bigarré de couleurs, et chanter mon ramage
De tailliz en tailliz, de buissons en buissons,
Et aux nymphes des bois apprendre mqs chansons,
Et de mon beo cornu parmy les champs me paistre,
Que par deux fois un homme en ce monde renaistre.
J’aimerois mieux vestirun poisson escaillé,
Et fendre de Téthys le séjour esmaillé
De bleu meslé de pers, et du ply de l’eschine
Flotter de vague en vague au gré de la marUic :