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oQue jà desjà son bras eslancc sur ta teste.
 Las l où tu soulois vivre en repos plantureux,
»Tu vivras désormais en travailjtoalheureux ;
» Il faudra que les bœufs aux champs tu aiguillonnes,
»Et que du soc aigu la terre tu sillonnes,
»Et que soir et matin le labeur de ta main
» Nourrisse par sueur ta misérable faim :
«Pour la punition de tes fautes malhies
«Les champs rie produiront que ronces et qu’espines :
»Le printemps qui souloit te rire tous les jours,
» Se changeant en hy ver perdra son premier cours,
» Et sera départi en vapeurs chaleureuses,
» Qui halleront ton corps de fiâmes douloureuses,
»En frimas et en pluye et en glace qui doit
» Faire transir bien tost ton pauvre corps de froid.
»Ton chef deviendra blanc en la fleur de jeunesse,
»Et jamais n’atteindras les bornes de vieillesse,
» Comme ne méritant par ton faict vicieux
«De jouir longuement de la clarté des cieux.
» Si peu que tu vivras tu vivras en moleste,
»Et tousjours une fièvre, un catarre, une peste
» Te suivront sans parler venans tous à la fois :
» Dieu les faisant muets desrobcra leur vois,
» Afin que sans mot dire ils te happent à l’heure
» Que tu estimeras ta vie estre plus séure.
» Qui pis est, indigence et la famine aussi