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Au milieu d’une rue, ou dans un carrefour,
Les preschant et priant d’éviter la malice,
Et de garder entre eux une saincte police ;
Fuyr procès, débats, querelle $ inimitié,
Et d’aimer charité, paix, concorde et pitié.
La loy n’éstoit encor en airain engiravée,
Et le juge n’avoit sa chaire encor levée
Haute dans un palais ; et debout au parquet,
Encores ne vendoit l’advocat son caquet
Pour damner l’innocent et sauver le coupable.
Cette seule déesse au peuple vénérable
Les faisoit gens de bien, et, sans aucune peur,
Des lois leur engravoit l’équité dans le cœur,
Qu’ils gardoient de leur gré ; mais toute chose passe,
Et rien ferme no dure en oeste terre.basse
Si tost que la malice ail monde eut commencé
Son trac, t que jà l’or se monstroit effacé.
Pâlissant en argent sa teinture première,
Plus Justice n’éstoit aux hommes familière
Comme elle souloit estre, et ne vouloit hanter
Le peuple qui deejà tendôit à se gaster,
Et plus visiblement le jour parmy la rue
Les hommes ne preschpit : mais vestant une nue,
Hurlante en piteux cris, son visage voila,’
Et bien loing des citez es forests «’envola ;