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Me veux-tu re-tromper ? Va-t’en, je te promets
Par mon sainct Apollon de ne t’aimer jamais :
Ce n’est pas d’aujourd’huy que ton fard je découvre.
Je t’ay mille fois veue en ces salles du Louvre,
Et tu m’as mille fois, par ton langage beau,
Pipé à Saint-Germain et à Fontainebleau,
Et en ces grand’s maisons superbes et royales,
Où jamais on ne voit les promesses loyales.
Pour ce va-t’en d’ici, car je te hay plus fort
( Et certes à bon droit ) que je ne hay la mort.
Tu as, comme une ingrate impudente et rusée
De tes apas trompeurs ma jeunesse abusée :
Tu m’as nourri d’espoirs, tu m’as fait asseurer,
Tu m’as fait espérer pour me désespérer.
De toy, cruelle, ingrate, et digne de martyre,
Qui me donnes la baye, et ne t’en fais que rire,
Tu ne gardes jamais ny parole ny foy ;
Ce n’est que piperie et mensonge que toy,
Que fard, que vanité, et, pour les cœurs attraire,
Tu penses d’une sorte, et parles au contraire.
Tu as à ton service un tas de courtisans,
De moqueurs, de flatteurs, de menteurs, de plaîsans,
Tes valets éhontez, qui sont faits à ta guise :
L’un en faisant le fin toutes choses déguise,
L’autre-fait l’entendu, et l’autre le rusé
Ainsi l’homme de bien est tousjours abusé.
Mal-heureux est celuy qui te suit, pour se faire